Chaque année, la Journée Internationale des Droits des Femmes est marquée par une déferlante d’actions de communication dans le secteur de la mode et de la cosmétique. Entre maladresses et récupération commerciale, comment communiquer à bon escient le 08 mars ?

Le 8 mars est la Journée Internationale des Droits des Femmes. Officialisée par l’UNESCO en 1977, c’est une journée de sensibilisation, de manifestation et de mobilisation à travers le monde sur la condition des femmes. Une occasion de célébrer les acquis et de mettre en lumière le chemin restant à parcourir pour une société plus égalitaire entre hommes et femmes. En d’autres termes, c’est un peu la Journée Mondiale du Féminisme.

 Ce que le 8 mars n’est pas, en revanche, c’est « La Journée de la Femme » ou la « Journée des Femmes », comme on peut souvent le lire sur des slogans aguicheurs et des entêtes colorés. Une Saint-Valentin « bis », qui viendrait combler un vide dans le calendrier marketing du printemps. 

Tout autant que les femmes dans les rues, les promotions défilent le 8 mars, rivalisant de « cadeaux » et « d’hommages » à une Femme stéréotypée et réduite à des pulsions consuméristes. `

De la culotte offerte pour tout achat de soutien-gorge chez une grande marque de lingerie, aux slogans bêtifiants pour vendre une coloration (« c’est la journée de la femme, pas celle des racines ! »), ces campagnes de communication assomment leurs destinataires d’injonctions à consommer, passant complètement à côté du sens véritable de la Journée Internationale des Droits des Femmes.

Pour ma part, lorsque j’étais chargée de communication en entreprise, j’ai assisté à de maladroites actions de communication interne (une rose offerte à toutes les salariées dans un grand Groupe de transport international), des newsletters promotionnelles en tout genre (réductions « exceptionnelles », « cadeau » contre achat), et même des flash mobs savamment orchestrés visant à « célébrer la féminité » (généralement, au travers de stéréotypes sexistes).

 

Aujourd’hui en tant que consultante freelance, j’ai à cœur de conseiller mes clients sur une communication intelligente, raisonnée et sobre concernant la Journée Internationale des Droits de la Femme.

Faut-il communiquer sur la journée des droits des femmes ?

Commençons par le commencement : faut-il absolument prendre la parole sur la journée internationale des droits des femmes ? Non, bien évidemment.

Rappelons d’ailleurs qu’il est rarement obligatoire de communiquer sur quoi que ce soit, quand bien même la majorité des marques observent tous les marronniers « incontournables » de la comm’.

Avant d’investir du temps et de l’énergie dans une campagne, il serait judicieux de s’interroger sur la pierre que l’on va apporter à l’édifice. La marque est-elle engagée de longue date envers l’égalité hommes-femmes ? Mène-t-elle des actions concrètes pour favoriser sa progression ? 

Si ce ne sont pas des conditions sine qua none pour s’exprimer au sujet du 8 mars, ces éléments sont déjà une bonne base de réflexion. 

Le seul fait de s’adresser à une clientèle féminine, ou de compter une majorité de collaboratrices dans ses équipes, ne constitue pas en soi une raison de prendre la parole.  Ces dernières seront d’ailleurs les premières à grincer des dents face à une campagne hypocrite ou véhiculant des messages sexistes…

Comment communiquer à bon escient le 8 mars ?

Si vous avez décidé de vous exprimer au sujet de la journée des droits des femmes, voici quelques conseils pour communiquer sans instrumentaliser la cause ni heurter les sensibilités.

 

  • Faites preuve de sincérité 

Nul n’est parfait, et c’est d’autant plus vrai dans le monde des affaires. Si votre entreprise n’a jamais œuvré en faveur de la cause féminine, la pire des choses à faire serait de revendiquer des faits d’armes illégitimes. 

Si en revanche, vous avez choisi d’utiliser le poids de votre marque pour faire progresser les choses, il serait dommage de ne pas communiquer sur le sujet. Montrer l’exemple, inspirer les futur.es entrepreneur.e.s, et partager vos valeurs avec vos clients sont autant de raisons de le faire.

 

  • Optez pour la transparence

Comme établi ci-dessus, si vous n’avez rien de pertinent à dire sur la Journée des Droits de la Femme, misez sur la sobriété absolue : un simple message de soutien à la cause est amplement suffisant. À condition de ne pas être impliqué dans des affaires sexistes ou misogynes, bien entendu ! (On pourrait croire que cela va de soi, mais croyez-en mon expérience…)

Quand bien même votre entreprise ne se serait pas (encore !) illustrée positivement sur l’égalité homme/femme, la journée du 8 mars peut être l’opportunité de réaliser un audit interne, marquant le point de départ d’une démarche d’amélioration. Qui sait, celle-ci vous donnera peut-être matière à communiquer ultérieurement…

Enfin, si vous avez des supports photos ou vidéos illustrant vos engagements, n’hésitez pas à les partager ! Vous savez ce qu’on dit : une image vaut mille mots !

 

  • S’engager… sans langue de bois  

Il n’est jamais trop tard pour décider de faire bouger les choses. Si la discussion globale sur le féminisme vous inspire à vous engager envers une association ou une ONG, lancez-vous !

Veillez simplement à faire les choses correctement : identifier un partenaire, échanger, vérifier que ses valeurs et les vôtres sont bien alignées, définir les modalités d’un partenariat… Tout cela demande du temps et ne pourra pas sortir de terre en quelques jours. Un engagement à court terme risquant de manquer de sincérité, vous avez tout intérêt à vous investir sur la durée. 

Et si vous n’avez pas de copie à rendre le 8 mars au matin : pas d’inquiétude ! Il n’y a pas de mauvais moment pour prendre la parole sur un sujet qui vous est cher. Et il se peut même que votre message ait plus d’impact à une autre période de l’année, quand il ne sera pas noyé dans le brouhaha médiatique de la Journée Internationale des Droits de la Femme.

J’espère que cet article vous a plu, et n’hésitez pas à contribuer au débat en commentaires !